Imaginez un cheval de course olympique, muscles tendus, prêt à bondir. Comparez-le à un cheval de randonnée, calmement broutant dans un pré. Deux situations, deux niveaux d'énergie, mais un point commun vital : l'amidon. Comprendre son rôle dans l'alimentation équine est essentiel pour la santé, la performance et le bien-être de votre équidé. C'est un élément clé de la nutrition équine, souvent mal compris.

L'amidon est un glucide complexe, une source d'énergie essentielle pour les plantes. Chimiquement, il est constitué d'amylose et d'amylopectine, deux polymères de glucose. Les plantes le stockent dans leurs graines, racines et tubercules comme réserve énergétique. Pour les chevaux, c'est une source d'énergie importante, mais son utilisation doit être maîtrisée pour éviter les problèmes de santé.

Image microscopique d'amidon

L'amidon dans l'alimentation équine : sources et types

L'amidon est présent dans de nombreux aliments pour chevaux. Sa quantité et sa forme influent considérablement sur la santé digestive et le métabolisme de l'équidé. Choisir les bonnes sources et gérer les quantités est crucial.

Sources principales d'amidon dans la ration du cheval

  • Avoine : Céréale largement utilisée, l'avoine contient entre 45% et 60% d'amidon, avec une proportion significative d'amidon à digestion lente. Cette caractéristique la rend généralement plus facile à digérer que le maïs, par exemple. Différentes variétés d'avoine existent, chacune ayant des teneurs en amidon variables. Il est important de choisir une avoine de qualité, riche en fibres et pauvre en mycotoxines.
  • Orge : L'orge, avec environ 60% d'amidon, offre une bonne source d'énergie, souvent utilisée pour les chevaux de sport. Cependant, sa digestibilité peut être moins bonne que celle de l'avoine. Elle peut aussi être moins palatable pour certains chevaux. Des traitements thermiques (floconnage, extrusion) peuvent améliorer sa digestibilité.
  • Maïs : Très riche en amidon (environ 70%), le maïs fournit une énergie rapidement disponible. Mais il est aussi une source majeure d'amidon rapidement digestible, ce qui peut causer des pics de glycémie et favoriser le développement du syndrome métabolique équine (SME) chez les chevaux sensibles. Il doit donc être utilisé avec modération et prudence.
  • Blé : Le blé (environ 65% d'amidon) est moins fréquemment utilisé dans l'alimentation équine, car il est souvent moins bien toléré que l'avoine ou l'orge. Il peut être à l'origine de réactions allergiques ou d'intolérances chez certains chevaux. Il faut privilégier le blé entier pour un meilleur apport en fibres.
  • Luzerne : La luzerne, plante fourragère importante, contient des quantités variables d'amidon en fonction de sa maturité au moment de la récolte. La luzerne jeune, riche en protéines et pauvre en amidon, est idéale. En revanche, la luzerne plus mûre et plus sèche sera plus riche en amidon.

Des sources secondaires d'amidon incluent les betteraves, les mélasses (sous-produit de la fabrication du sucre de betterave), le son et la drêche (sous-produits de la fabrication de la bière). Ces ingrédients, bien que riches en énergie, doivent être utilisés avec parcimonie et en complément d'une alimentation de base équilibrée, riche en fibres.

L'amidon : rapidement ou lentement digestible ?

La vitesse de digestion de l'amidon est un facteur déterminant pour sa valeur nutritionnelle et son impact sur la santé du cheval. L'amidon rapidement digestible (ARD) est rapidement dégradé dans l'intestin grêle, provoquant une forte augmentation du glucose sanguin. À l'inverse, l'amidon lentement digestible (ALD) est dégradé plus lentement, entraînant une libération progressive de glucose dans le sang. Cela évite les pics glycémiques et les risques associés.

L'orge et le maïs contiennent des proportions plus élevées d'ARD par rapport à l'avoine, qui est plus riche en ALD. Il est crucial de choisir des aliments contenant une proportion importante d'ALD pour minimiser les risques de troubles métaboliques. Le choix entre différents aliments contenant de l'amidon doit se faire en fonction des besoins énergétiques du cheval et de sa sensibilité au syndrome métabolique équine (SME).

Un graphique illustrant la différence de vitesse de digestion entre l’amidon rapidement et lentement digestible améliorerait la compréhension du sujet. (ici, on pourrait insérer un graphique schématique).

La digestion de l'amidon : un voyage dans le système digestif équine

La digestion de l'amidon chez le cheval est un processus complexe impliquant plusieurs étapes et différentes parties du système digestif. Comprendre ce processus est essentiel pour apprécier l'impact de l'amidon sur la santé du cheval.

Anatomie du système digestif du cheval

Contrairement aux ruminants, le cheval est un monogastrique, doté d'un estomac de petite capacité (environ 8 à 15 litres). Son intestin grêle est également relativement court. L'essentiel de la digestion des glucides, dont l'amidon, a lieu dans le gros intestin (cæcum et côlon) grâce à une intense activité microbienne. Cette fermentation permet la dégradation de l'amidon non digéré dans l'intestin grêle et la production d'acides gras volatils (AGV), source d'énergie importante pour le cheval. Mais un excès d'amidon peut perturber cet équilibre délicat.

Déroulement de la digestion de l'amidon

La digestion de l'amidon débute dans la bouche, mais l'amylase salivaire y joue un rôle mineur. Dans l'estomac, l'acidité gastrique hydrolyse une petite partie de l'amidon. La majeure partie de la digestion se produit dans l'intestin grêle grâce à l'amylase pancréatique et aux enzymes intestinales (maltase, isomaltase, sucrase). Ces enzymes dégradent l'amidon en sucres simples, principalement du glucose, qui est ensuite absorbé dans le sang.

L'amidon qui n'a pas été digéré dans l'intestin grêle passe dans le cæcum et le côlon, où il subit une fermentation bactérienne. Cette fermentation produit des acides gras volatils (AGV) tels que l'acétate, le propionate et le butyrate, qui sont absorbés et utilisés par le cheval comme source d'énergie. Cependant, une quantité excessive d'amidon non digéré peut perturber la fermentation du gros intestin, menant à une acidification du milieu et favorisant la prolifération de bactéries pathogènes, causant ainsi des troubles digestifs comme les coliques.

Impact de l'amidon sur la santé et la performance du cheval

Un apport équilibré d'amidon est vital pour l'énergie du cheval, mais un excès peut avoir de graves conséquences. Il est essentiel de trouver un équilibre pour optimiser la santé et les performances.

Avantages d'un apport modéré d'amidon

L'amidon fournit une énergie facilement utilisable pour le cheval. Un apport modéré est indispensable pour les fonctions vitales, l'exercice, la croissance et la lactation. Un apport suffisant en amidon permet de maintenir le poids, la condition physique et les performances optimales, en particulier chez les chevaux de sport. Il faut cependant adapter l'apport en amidon à l'activité et au niveau de travail du cheval. Un cheval de dressage aura des besoins plus importants qu'un cheval de trait au repos.

Les dangers d'un excès d'amidon: coliques, laminite et SME

Un excès d'amidon, surtout d'amidon rapidement digestible, peut entraîner des conséquences sérieuses. Il cause des pics de glycémie, surchargeant le pancréas et augmentant le risque de syndrome métabolique équine (SME). Le SME se caractérise par une résistance à l'insuline, une hyperglycémie, une obésité et des troubles métaboliques qui peuvent affecter la fertilité et augmenter la sensibilité à la laminite. La laminite, une affection douloureuse et invalidante affectant les pieds du cheval, est souvent associée à des pics de glycémie induits par un excès d'amidon.

Un surplus d'amidon peut également perturber la flore intestinale du gros intestin. La fermentation excessive peut produire des acides organiques en grande quantité, acidifiant le milieu et conduisant à des troubles digestifs tels que les coliques, des diarrhées et une inflammation de l'intestin. Chez les chevaux prédisposés, cela peut déclencher ou aggraver une laminite. Il faut donc surveiller attentivement l'alimentation du cheval et ajuster son régime alimentaire en fonction de sa sensibilité.

La quantité d'amidon appropriée dépend de plusieurs facteurs : l'âge, la race, le niveau d'activité, l'état de santé et la sensibilité individuelle du cheval. Un cheval âgé, par exemple, aura des besoins énergétiques plus faibles qu'un jeune cheval en pleine croissance. Un cheval de sport en pleine compétition nécessitera plus d'énergie qu'un cheval de loisir. Il est primordial d’adapter la quantité d'amidon en fonction de ces paramètres et de surveiller attentivement l'état de santé du cheval.

Conseils pratiques pour une alimentation riche en amidon équilibrée

Pour garantir une alimentation saine et prévenir les problèmes liés à l'amidon, plusieurs recommandations doivent être suivies. Une attention particulière doit être portée à la qualité des aliments et à la gestion des apports.

  • Choisissez des aliments riches en amidon lentement digestible (ALD) : privilégiez l'avoine de qualité, le floconnage de l'orge ou des aliments composés spécialement formulés pour une libération lente de l'énergie. Évitez les excès de maïs et de blé.
  • Fractionnez les repas : Plusieurs petits repas par jour sont préférables à un ou deux gros repas. Cela évite les pics de glycémie et les surcharges digestives.
  • Surveillez régulièrement le poids et la condition corporelle de votre cheval : Une prise de poids excessive ou une perte de poids inexpliquée doit être signalée à votre vétérinaire.
  • Adaptez l'apport en amidon à l'activité physique du cheval : Un cheval de sport aura des besoins plus importants qu'un cheval de loisir ou un cheval âgé.
  • Consultez un vétérinaire ou un nutritionniste spécialisé en équitation : Ils pourront vous aider à élaborer un plan alimentaire personnalisé et adapté aux besoins spécifiques de votre cheval, tenant compte de son âge, de sa race, de son niveau d'activité et de son état de santé.
  • Tenez compte de la composition des aliments : Analysez les étiquettes des aliments pour chevaux pour connaître précisément leur teneur en amidon, en protéines, en fibres et en autres nutriments. Assurez-vous que la ration est équilibrée et qu'elle répond aux besoins nutritionnels de votre cheval.

L'amidon est une source d'énergie importante pour les chevaux, mais sa gestion requiert une attention particulière. Une alimentation équilibrée, contrôlée et adaptée aux besoins individuels de chaque cheval est la clé pour assurer sa santé et son bien-être à long terme. N'hésitez pas à faire appel à des professionnels pour vous accompagner dans la gestion de l'alimentation de votre équidé.